Gerhard Richter, le peintre aux plusieurs visages

Né à Dresde, cet artiste allemand aurait pu, comme tous ceux résidant en Allemagne de l’Est sous domination soviétique, devenir un peintre d’état cantonné aux œuvres communistes. Mais il a choisi de passer à l’Ouest en laissant derrière lui sa vie et sa famille.
Libre enfin de s’exprimer à sa guise, il n’a pu tout au long de sa vie décider à quelle école de peinture il appartenait. D’où des premières œuvres où tout fait référence aux photographies avec des tableaux en noir et blanc avant que n’apparaisse le gris puis la couleur. Tout comme il est passé du figuratif à l’abstraction et laisse le visiteur de l’exposition qui lui est consacrée perplexe quant à ce qu’il a envie d’admirer du travail de l’artiste.
Il se disait lui-même « un peintre classique ». Jamais à l’extérieur mais toujours dans son atelier, jamais d’après modèle ni sur nature, jamais des coups de pinceaux simples mais des détournements avec des racloirs ou de l’informatique, il a toujours laissé le hasard décider de la finition de son travail. Seul point qui le rattache à la réalité, un sentiment intime de responsabilité, mais peu exprimé, des évènements du monde à commencer par la Shoah, le camp de Birkenau ou les attentats des tours jumelles à New-York.
Aujourd’hui, Richter ne peint plus mais continue à dessiner. Ses œuvres se retrouvent au Japon, en Allemagne et à New-York et lui vit à Cologne en créant sur papier avec des frottages, des lignes réalisées avec compas et règle et de l’encre colorée qui coule, ce qui donnera une œuvre finale due à des figures fortuites, toujours et encore le hasard.
C’est ce qui m’a touchée, un artiste qui ne nous impose rien mais nous laisse nous interroger devant un tableau en imaginant ce qu’il nous inspire, confortée par le fait que la plupart sont sans titres.
Fondation Louis Vuitton « Gerhard Richter » jusqu’au 2 mars 2026.

Écrit par Vicky Sommet
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